Saarbrücken.
Hier, à la seconde Matinée de la Radio Sarroise qui invitait l’Orchestre national de Lorraine, le chef Jacques Mercier s’est immédiatement approprié l’acoustique modifiée de la Halle des congrès. Les cordes sonnaient homogènes et finement hiérarchisées, les bois ronds et colorés, les cuivres disciplinés et cependant rayonnants, les timbales avec contrôle et précision. L’ouverture de Manfred de Robert Schumann en a bénéficié. Les poésies héroïques, romantiques et idéalistes de Lord Byron étaient l’idée de base du programme de concert. La partition de Schumann décrit le Mélancolique déchiré luttant de génie avec la Connaissance, ce que Mercier a raconté avec un son pleinement résonant et de manière dramatique.
Même si Bela Bartok a laissé derrière lui son Concerto pour alto en forme d’esquisse, c’est cependant pour les solistes, sous la forme et l’exécution originales de Tibor Serly, une tâche agréable et efficace, pleine d’originalité et d’une grande richesse d’inspiration. Pierre Lenert a enthousiasmé avec un son ample, une technique sûre, une réalisation souveraine. L’accompagnement de l’orchestre se révéla clair et motivé, avec une exactitude rythmique et de fines couleurs. Ils ont pu ensuite déployer leurs qualités symphoniques dans le Harold en Italie d’Hector Berlioz. Ce fut une bonne idée de faire déverser à l’Alto solo (toujours Pierre Lenert) la Mélancolie, le Bonheur et la Joie par diverses positions sur la scène. L’orchestre s’est montré flexible, d’une coloration plastique et surtout jamais outrée dans le fortissimo de « l’Orgie des brigands ». Une discipline sonore remarquable. Et un chef qui sait comment lier le charisme à une économie de gestes et qui réalise ses volontés d’interprétation de manière convaincante. Le public de la Halle des congrès fut ainsi amené à applaudir longuement et avec enthousiasme.